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Où l'on apprend, surprise, que l'extrême-droite crée des polémiques qui n'existent pas pour faire avancer son narratif.

Parmi les polémiques qui ont suivi le drame de Crépol (https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/11/22/apres-le-meurtre-d-un-adolescent-a-crepol-l-enquete-tente-de-comprendre-la-dynamique-de-la-tragedie_6201634_3224.html), celle autour des prénoms des mis en cause pourrait paraître anecdotique. Elle me semble au contraire symptomatique du climat actuel du débat public en France où la parole raciste est normalisée.

Le JDD, sous la plume de l'inénarrable Charlotte d'Ornellas (https://www.lejdd.fr/societe/meurtre-de-thomas-crepol-ces-prenoms-quil-faudrait-taire-139898), dénonce le 26/11/2023 une omerta sur les prénoms des mis en cause du drame de Crépol à l'aide d'une habile comparaison avec une autre affaire, celle de l'agression au cutter d'un jeune jardinier (https://www.charentelibre.fr/faits-divers/video-les-bougnouls-je-suis-chez-moi-un-jardinier-de-29-ans-insulte-et-attaque-au-cutter-par-un-septuagenaire-dans-le-val-de-marne-17541021.php) où le prénom des protagonistes aurait immédiatement été rendu public. Bon, j'ai beau chercher “mourad cutter” sur Qwant, les articles de presse qui sortent ne mentionnent que le nom de l'agressé, comme à Crépol (voir https://www.streetpress.com/sujet/1700480934-tentative-egorgement-islamophobe-racisme-temoignage, https://www.leparisien.fr/val-de-marne-94/insultes-racistes-coup-de-cutter-mourad-a-frole-la-mort-un-centimetre-de-plus-et-je-netais-plus-la-20-11-2023-QL53TMVZWVD6BNOSLCS77UAB2I.php, https://www.charentelibre.fr/faits-divers/video-les-bougnouls-je-suis-chez-moi-un-jardinier-de-29-ans-insulte-et-attaque-au-cutter-par-un-septuagenaire-dans-le-val-de-marne-17541021.php, https://www.midilibre.fr/2023/11/21/video-jai-cru-partir-agression-au-cutter-insultes-racistes-mourad-le-jardinier-victime-se-confie-11593089.php, https://www.lamontagne.fr/villecresnes-94440/actualites/je-croyais-partir-mourad-un-jardinier-de-29-ans-victime-d-un-coup-de-cutter-a-la-gorge-lors-d-une-agression-raciste_14407741/). Ce mensonge grossier n'empêchera pas notre intrépide “journaliste” de tartiner des paragraphes sur les prénoms qui seraient “devenus un enjeu politique”, certains étant cachés et d'autres rendus publics, et patati et patata. Je pourrais arrêter ici mes recherches en vertu du principe de la dent d'or de Fontenelle qui énonce qu'il n'est pas la peine de se préoccuper des causes d'un fait qui n'existe pas. Mais ce principe étant manifestement peu connu de ceux qui tiennent le crachoir dans les médias, la polémique était lancée, et la suite a des implications intéressantes.

La maire LR de Romans-sur-Isère, Marie-Hélène Thoraval, a déclaré lors d'une interview sur RMC le 28/11/2023 (https://www.bfmtv.com/politique/de-ne-pas-avoir-communique-sur-les-prenoms-des-agresseurs-est-indecent-marie-helene-thoraval-maire-de-romans-sur-isere-revient-sur-l-enquete-sur-la-mort-de-thomas-a-crepol_VN-202311280269.html) qu'il était “indécent” “de ne pas avoir communiqué sur les prénoms”. Elle y affirme que parfois on communique “immédiatement” sur les prénoms, et là, non, et que cela “ne ferait que renforcer la stigmatisation”. On notera une magnifique inversion accusatoire : les racistes seraient ceux qui tairaient les prénoms. Fontenelle continue à faire des sauts de cabris dans sa tombe, personne ne cachant les prénoms, mais ça n'empêchera pas les émissions de débat d'en parler pendant deux jours. Mais au fait, cette histoire de prénoms, ça ne vous rappelle rien ?

Le 16 septembre 2018 est diffusée dans l'émission “Les terriens du dimanche” sur C8 une séquence où Eric Zemmour reproche son prénom à une chroniqueuse, Hapsatou Sy, lui affirmant que Corinne lui irait très bien et que les socialistes auraient aboli en 1993 une loi de Bonaparte qui obligerait les parents français à choisir un prénom appartenant à un saint chrétien (https://www.liberation.fr/checknews/2018/09/19/qu-a-vraiment-dit-eric-zemmour-a-hapsatou-sy-sur-le-plateau-des-terriens-du-dimanche_1679740). Dans une autre séquence coupée au montage, il a également déclaré que “c'est votre prénom qui est une insulte à la France. La France n'est pas une terre vierge. C'est une terre avec une Histoire, avec un passé. Et les prénoms incarnent l'Histoire de la France.” Là aussi, Fontenelle fait des sauts de cabris dans sa tombe, car la loi de 1803 de Bonaparte ne dit pas ce que prétend Eric Zemmour (https://www.rtl.fr/actu/politique/polemique-sur-les-prenoms-qu-est-ce-que-la-loi-de-1803-defendue-par-zemmour-7900072054) : elle autorise “les noms en usage dans les différents calendriers, et ceux des personnages connus de l’histoire ancienne”. Fichtre, encore une fausse information sur les prénoms venant de l'extrême-droite, décidément !

Mais l'histoire ne s'arrête pas à un énième mensonge d'Eric Zemmour sur l'histoire de France : pour ses propos à Hapsatou Sy, il a été condamné pour injure publique à caractère raciste début 2023 (https://www.mediapart.fr/journal/france/120123/eric-zemmour-condamne-pour-injure-raciste-contre-l-ex-animatrice-hapsatou-sy). Car oui, ramener une personne de quelque façon que ce soit à des origines réelles ou supposées, c'est du racisme, et c'est condamné par la loi.

Mais alors que peuvent bien avoir à l'esprit ceux qui ont lancé ou relayé cette polémique sur les prénoms des agresseurs de Crépol ? Quel intérêt peuvent bien avoir les prénoms des mis en cause ? Dans la plupart des grandes affaires criminelles, le nom des victimes et du mis en examen sont connus, Guy Georges, Michel Fourniret, Omar Raddad, etc. car on raconte leur histoire en long en large et en travers, on suit leurs procès, et il est naturel de les nommer. Parfois, ils sont trop nombreux, on parle alors des victimes de la tuerie de Chevaline, ou des disparus de Mourmelon, mais tout ça ne relève que de questions purement pratiques. En dehors de ces cas, je ne vois aucune autre raison de s'intéresser au prénom des mis en cause que de déduire leurs motivations d'une origine réelle ou supposée. Et ça, c'est du racisme.

On pourrait m'objecter que dans l'attaque au cutter, on connait le prénom de l'agressé, Mourad, mais grâce à la vidéo, on sait que l'agression est à caractère raciste puisque l'assaillant parle de “sale bougnoule” ; le prénom de la victime devient alors une information pertinente. L'enquête de Crépol révèlera peut-être que l'attaque était motivé par du racisme. Ou par un stupide emballement causé par l'alcool, ou une histoire de bandes rivales réelles ou supposées, ou je ne sais quoi d'autre. Le prénom des mis en cause, leur religion, la communauté ou la bande à laquelle ils croient appartenir, opposée à la communauté ou la bande à laquelle ils croyaient que la victime appartenait, deviendront peut-être des informations pertinentes. Ou pas.

En attendant, sur fond de fausse information, on laisse dans les médias se répandre une parole raciste, condamnée par la loi, et, en l'état actuel de mes recherches, sans que personne ne réagisse ou ne porte plainte. Les barrage électoraux sont inutiles : c'est dans les esprits qu'il faut reconstruire les barrages que des années de matraquage médiatique ont fait sauter.

Où l'on apprend, surprise, que l'extrême-droite crée des polémiques qui n'existent pas pour faire avancer son narratif.

Parmi les polémiques qui ont suivi le drame de Crépol (https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/11/22/apres-le-meurtre-d-un-adolescent-a-crepol-l-enquete-tente-de-comprendre-la-dynamique-de-la-tragedie_6201634_3224.html), celle autour des prénoms des mis en cause pourrait paraître anecdotique. Elle me semble au contraire symptomatique du climat actuel du débat public en France où la parole raciste est normalisée.

Le JDD, sous la plume de l'inénarrable Charlotte d'Ornellas (https://www.lejdd.fr/societe/meurtre-de-thomas-crepol-ces-prenoms-quil-faudrait-taire-139898), dénonce le 26/11/2023 une omerta sur les prénoms des mis en cause du drame de Crépol à l'aide d'une habile comparaison avec une autre affaire, celle de l'agression au cutter d'un jeune jardinier (https://www.charentelibre.fr/faits-divers/video-les-bougnouls-je-suis-chez-moi-un-jardinier-de-29-ans-insulte-et-attaque-au-cutter-par-un-septuagenaire-dans-le-val-de-marne-17541021.php) où le prénom des protagonistes aurait immédiatement été rendu public. Bon, j'ai beau chercher “mourad cutter” sur Qwant, les articles de presse qui sortent ne mentionnent que le nom de l'agressé, comme à Crépol (voir https://www.streetpress.com/sujet/1700480934-tentative-egorgement-islamophobe-racisme-temoignage, https://www.leparisien.fr/val-de-marne-94/insultes-racistes-coup-de-cutter-mourad-a-frole-la-mort-un-centimetre-de-plus-et-je-netais-plus-la-20-11-2023-QL53TMVZWVD6BNOSLCS77UAB2I.php, https://www.charentelibre.fr/faits-divers/video-les-bougnouls-je-suis-chez-moi-un-jardinier-de-29-ans-insulte-et-attaque-au-cutter-par-un-septuagenaire-dans-le-val-de-marne-17541021.php, https://www.midilibre.fr/2023/11/21/video-jai-cru-partir-agression-au-cutter-insultes-racistes-mourad-le-jardinier-victime-se-confie-11593089.php, https://www.lamontagne.fr/villecresnes-94440/actualites/je-croyais-partir-mourad-un-jardinier-de-29-ans-victime-d-un-coup-de-cutter-a-la-gorge-lors-d-une-agression-raciste_14407741/). Ce mensonge grossier n'empêchera pas notre intrépide “journaliste” de tartiner des paragraphes sur les prénoms qui seraient “devenus un enjeu politique”, certains étant cachés et d'autres rendus publics, et patati et patata. Je pourrais arrêter ici mes recherches en vertu du principe de la dent d'or de Fontenelle qui énonce qu'il n'est pas la peine de se préoccuper des causes d'un fait qui n'existe pas. Mais ce principe étant manifestement peu connu de ceux qui tiennent le crachoir dans les médias, la polémique était lancée, et la suite a des implications intéressantes.

La maire LR de Romans-sur-Isère, Marie-Hélène Thoraval, a déclaré lors d'une interview sur RMC le 28/11/2023 (https://www.bfmtv.com/politique/de-ne-pas-avoir-communique-sur-les-prenoms-des-agresseurs-est-indecent-marie-helene-thoraval-maire-de-romans-sur-isere-revient-sur-l-enquete-sur-la-mort-de-thomas-a-crepol_VN-202311280269.html) qu'il était “indécent” “de ne pas avoir communiqué sur les prénoms”. Elle y affirme que parfois on communique “immédiatement” sur les prénoms, et là, non, et que cela “ne ferait que renforcer la stigmatisation”. On notera une magnifique inversion accusatoire : les racistes seraient ceux qui tairaient les prénoms. Fontenelle continue à faire des sauts de cabris dans sa tombe, personne ne cachant les prénoms, mais ça n'empêchera pas les émissions de débat d'en parler pendant deux jours. Mais au fait, cette histoire de prénoms, ça ne vous rappelle rien ?

Le 16 septembre 2018 est diffusée dans l'émission “Les terriens du dimanche” sur C8 une séquence où Eric Zemmour reproche son prénom à une chroniqueuse, Hapsatou Sy, lui affirmant que Corinne lui irait très bien et que les socialistes auraient aboli en 1993 une loi de Bonaparte qui obligerait les parents français à choisir un prénom appartenant à un saint chrétien (https://www.liberation.fr/checknews/2018/09/19/qu-a-vraiment-dit-eric-zemmour-a-hapsatou-sy-sur-le-plateau-des-terriens-du-dimanche_1679740). Dans une autre séquence coupée au montage, il a également déclaré que “c'est votre prénom qui est une insulte à la France. La France n'est pas une terre vierge. C'est une terre avec une Histoire, avec un passé. Et les prénoms incarnent l'Histoire de la France.” Là aussi, Fontenelle fait des sauts de cabris dans sa tombe, car la loi de 1803 de Bonaparte ne dit pas ce que prétend Eric Zemmour (https://www.rtl.fr/actu/politique/polemique-sur-les-prenoms-qu-est-ce-que-la-loi-de-1803-defendue-par-zemmour-7900072054) : elle autorise “les noms en usage dans les différents calendriers, et ceux des personnages connus de l’histoire ancienne”. Fichtre, encore une fausse information sur les prénoms venant de l'extrême-droite, décidément !

Mais l'histoire ne s'arrête pas à un énième mensonge d'Eric Zemmour sur l'histoire de France : pour ses propos à Hapsatou Sy, il a été condamné pour injure publique à caractère raciste début 2023 (https://www.mediapart.fr/journal/france/120123/eric-zemmour-condamne-pour-injure-raciste-contre-l-ex-animatrice-hapsatou-sy). Car oui, ramener une personne de quelque façon que ce soit à des origines réelles ou supposées, c'est du racisme, et c'est condamné par la loi.

Mais alors que peuvent bien avoir à l'esprit ceux qui ont lancé ou relayé cette polémique sur les prénoms des agresseurs de Crépol ? Quel intérêt peuvent bien avoir les prénoms des mis en cause ? Dans la plupart des grandes affaires criminelles, le nom des victimes et du mis en examen sont connus, Guy Georges, Michel Fourniret, Omar Raddad, etc. car on raconte leur histoire en long en large et en travers, on suit leurs procès, et il est naturel de les nommer. Parfois, ils sont trop nombreux, on parle alors des victimes de la tuerie de Chevaline, ou des disparus de Mourmelon, mais tout ça ne relève que de questions purement pratiques. En dehors de ces cas, je ne vois aucune autre raison de s'intéresser au prénom des mis en cause que de déduire leurs motivations d'une origine réelle ou supposée. Et ça, c'est du racisme.

On pourrait m'objecter que dans l'attaque au cutter, on connait le prénom de l'agressé, Mourad, mais grâce à la vidéo, on sait que l'agression est à caractère raciste puisque l'assaillant parle de “sale bougnoule” ; le prénom de la victime devient alors une information pertinente. L'enquête de Crépol révèlera peut-être que l'attaque était motivé par du racisme. Ou par un stupide emballement causé par l'alcool, ou une histoire de bandes rivales réelles ou supposées, ou je ne sais quoi d'autre. Le prénom des mis en cause, leur religion, la communauté ou la bande à laquelle ils croient appartenir, opposée à la communauté ou la bande à laquelle ils croyaient que la victime appartenait, deviendront peut-être des informations pertinentes. Ou pas.

En attendant, sur fond de fausse information, on laisse dans les médias se répandre une parole raciste, condamnée par la loi, et, en l'état actuel de mes recherches, sans que personne ne réagisse ou ne porte plainte. Les barrage électoraux sont inutiles : c'est dans les esprits qu'il faut reconstruire les barrages que des années de matraquage médiatique ont fait sauter.

On va finir par croire que je suis obsédé par les déplacements en avion d'Emmanuel Macron, et c'est peut-être un peu vrai, depuis que j'ai découvert les conditions de son déplacement à Amboise pour ouvrir l'année de commémoration des 500 ans de la mort de Léonard de Vinci en Touraine (voir par exemple ici https://www.challenges.fr/politique/macron-et-mattarella-celebrent-leonard-de-vinci-a-amboise_654747 et ici https://www.francebleu.fr/infos/politique/en-direct-suivez-la-visite-des-presidents-francais-et-italien-pour-les-500-ans-de-la-renaissance-a-1556718255).

Emmanuel Macron s'est rendu à l'imprimerie de La Poste à Boulazac près de Périgueux le 7 novembre 2023 (https://www.francebleu.fr/infos/politique/direct-emmanuel-macron-en-dordogne-pour-inaugurer-le-nouveau-visage-de-la-marianne-de-la-poste-7894950) dans le but de voir le nouveau timbre vert arborant l'effigie de Marianne qu'il a choisie. Il n'est resté que quelques petites heures sur place, on va y revenir, le temps de tailler le bout de gras avec les ouvriers et de boulotter le bout de gras avec des élus locaux, à l'exception notable d'une élue LFI qui a refusé de participer à cause du soutien français à Israël.

Il est bien entendu venu en avion, plus précisément dans le Falcon 7X 3B770D (https://flottepresidentielle.com/vols/3087 et https://flottepresidentielle.com/vols/3089). Ces deux vols représentent 1380kg de kérosène d'après cette source : la combustion d'1kg de kérosène émettant 3,83kg de CO2 (voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Impact_climatique_du_transport_a%C3%A9rien), ces deux vols ont donc émis 5285,4kg de CO2 soit peu ou prou l'empreinte annuelle cible d'un français moyen si nous respectons nos engagements 2030.

Comparons avec le train : d'après SNCF Connect, le trajet de la rue du Faubourg Saint-Honoré à la gare de Périgueux comprend 7 minutes de marche, 5 stations de la ligne 13 du métro, un Paris Montparnasse – Bordeaux Saint-Jean de 2h13 et un Bordeaux Saint-Jean – Périgueux de 1h27 pour un total d'émissions de GES de 4,74kg soit 1115 fois moins que le vol choisi par Emmanuel Macron. Le trajet total en train, correspondance comprise, est de 3h52, soit en dessous de la limite des 4h pour la substitution des vols intérieurs choisie par la Convention Citoyenne pour le Climat et détricotée par la majorité d'Emmanuel Macron (voir https://www.tf1info.fr/environnement-ecologie/fin-des-vols-interieurs-que-reste-t-il-de-la-proposition-de-la-convention-pour-le-climat-2172941.html).

On notera qu'Emmanuel Macron a décollé de Vélizy Villacoublay à 10h46, atterri à Périgueux à 11h24, redécollé de Périgueux à 14h42 pour atterrir à Vélizy Villacoublay à 15h30. 38 minutes de vol aller, 48 minutes de vol retour, 3h18 sur place en comptant les déplacements locaux. Enfin, 3 compagnies de CRS ont été mobilisées dans la cité périgourdine, soit environ 400 hommes. Sans doute étaient-ils nécessaires pour empêcher que les salariés d'une autre imprimerie locale, sous menace de plan social, ne viennent perturber la visite si importante du Chef de l'Etat...

Ce type de déplacement est de l'ordre de l'hebdomadaire, quand ils ne sont pas remplacés par des déplacements long courrier où deux avions sont mobilisés systématiquement.

On pourrait considérer que s'attacher à ce type de détails est de la pure démagogie vis-à-vis du public sensibilisé aux questions écologiques. Je n'en reste pas moins persuadé que le mode de vie des élites dirigeantes, à mille lieues des contraintes nécessaires au respect de nos engagements climatiques, les empêchent même d'imaginer un futur soutenable et que décortiquer ce mode de vie dans ses moindres détails est salutaire pour notre avenir commun. Même si l'on pense que le Président, de par sa fonction, ne peut se plier aux limites écologiques, force est de constater qu'Emmanuel Macron, loin de réduire les émissions de GES de la présidence, les augmente de façon historique, et cela, si on veut que le peuple adhère à la transition écologique, c'est inacceptable, c'est une faute majeure.

On va finir par croire que je suis obsédé par les déplacements en avion d'Emmanuel Macron, et c'est peut-être un peu vrai, depuis que j'ai découvert les conditions de son déplacement à Amboise pour ouvrir l'année de commémoration des 500 ans de la mort de Léonard de Vinci en Touraine (voir par exemple ici https://www.challenges.fr/politique/macron-et-mattarella-celebrent-leonard-de-vinci-a-amboise_654747 et ici https://www.francebleu.fr/infos/politique/en-direct-suivez-la-visite-des-presidents-francais-et-italien-pour-les-500-ans-de-la-renaissance-a-1556718255).

Emmanuel Macron s'est rendu à l'imprimerie de La Poste à Boulazac près de Périgueux le 7 novembre 2023 (https://www.francebleu.fr/infos/politique/direct-emmanuel-macron-en-dordogne-pour-inaugurer-le-nouveau-visage-de-la-marianne-de-la-poste-7894950) dans le but de voir le nouveau timbre vert arborant l'effigie de Marianne qu'il a choisie. Il n'est resté que quelques petites heures sur place, on va y revenir, le temps de tailler le bout de gras avec les ouvriers et de boulotter le bout de gras avec des élus locaux, à l'exception notable d'une élue LFI qui a refusé de participer à cause du soutien français à Israël.

Il est bien entendu venu en avion, plus précisément dans le Falcon 7X 3B770D (https://flottepresidentielle.com/vols/3087 et https://flottepresidentielle.com/vols/3089). Ces deux vols représentent 1380kg de kérosène d'après cette source : la combustion d'1kg de kérosène émettant 3,83kg de CO2 (voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Impact_climatique_du_transport_a%C3%A9rien), ces deux vols ont donc émis 5285,4kg de CO2 soit peu ou prou l'empreinte annuelle cible d'un français moyen si nous respectons nos engagements 2030.

Comparons avec le train : d'après SNCF Connect, le trajet de la rue du Faubourg Saint-Honoré à la gare de Périgueux comprend 7 minutes de marche, 5 stations de la ligne 13 du métro, un Paris Montparnasse – Bordeaux Saint-Jean de 2h13 et un Bordeaux Saint-Jean – Périgueux de 1h27 pour un total d'émissions de GES de 4,74kg soit 1115 fois moins que le vol choisi par Emmanuel Macron. Le trajet total en train, correspondance comprise, est de 3h52, soit en dessous de la limite des 4h pour la substitution des vols intérieurs choisie par la Convention Citoyenne pour le Climat et détricotée par la majorité d'Emmanuel Macron (voir https://www.tf1info.fr/environnement-ecologie/fin-des-vols-interieurs-que-reste-t-il-de-la-proposition-de-la-convention-pour-le-climat-2172941.html).

On notera qu'Emmanuel Macron a décollé de Vélizy Villacoublay à 10h46, atterri à Périgueux à 11h24, redécollé de Périgueux à 14h42 pour atterrir à Vélizy Villacoublay à 15h30. 38 minutes de vol aller, 48 minutes de vol retour, 3h18 sur place en comptant les déplacements locaux. Enfin, 3 compagnies de CRS ont été mobilisées dans la cité périgourdine, soit environ 400 hommes. Sans doute étaient-ils nécessaires pour empêcher que les salariés d'une autre imprimerie locale, sous menace de plan social, ne viennent perturber la visite si importante du Chef de l'Etat...

Ce type de déplacement est de l'ordre de l'hebdomadaire, quand ils ne sont pas remplacés par des déplacements long courrier où deux avions sont mobilisés systématiquement.

On pourrait considérer que s'attacher à ce type de détails est de la pure démagogie vis-à-vis du public sensibilisé aux questions écologiques. Je n'en reste pas moins persuadé que le mode de vie des élites dirigeantes, à mille lieues des contraintes nécessaires au respect de nos engagements climatiques, les empêchent même d'imaginer un futur soutenable et que décortiquer ce mode de vie dans ses moindres détails est salutaire pour notre avenir commun. Même si l'on pense que le Président, de par sa fonction, ne peut se plier aux limites écologiques, force est de constater qu'Emmanuel Macron, loin de réduire les émissions de GES de la présidence, les augmente de façon historique, et cela, si on veut que le peuple adhère à la transition écologique, c'est inacceptable, c'est une faute majeure.

Quand j'ai entendu parler de l'organisation de la coupe du monde de football 2030 qui marquera les cent ans de la compétition, un souvenir d'enfance m'est revenu. A l'occasion de la coupe du monde 1982 en Espagne avait été éditée une bande-dessinée qui racontait les éditions antérieures, de 1930 à 1978. J'y avais découvert les exploits de l’uruguayen Schiaffino, du hongrois Puskas, du péruvien Cubilas, les multiples désillusions françaises, la violence du football de cette époque où on cassait les joueurs sans hésiter, le drame du crash aérien de Munich tuant de nombreux “Busby Babes” de ManU... Parmi les nombreuses images qui me sont restées, le voyage de 14 jours en paquebot des équipes européennes en 1930 vers l'Uruguay (https://fr.wikipedia.org/wiki/Coupe_du_monde_de_football_1930#Pr%C3%A9paration_de_l'%C3%A9v%C3%A8nement) avec les joueurs s'entrainant sur le pont et dans une salle de gymnastique improvisée.

Afin de célébrer comme il se doit cette première édition de 1930, la compétition se tiendra – en toute logique – en Espagne, au Maroc et au Portugal. Enfin, pas tout à fait : 3 matches se joueront dans 3 pays différents d'Amérique du Sud (https://www.lemonde.fr/football/article/2023/10/04/la-coupe-du-monde-de-football-2030-se-deroulera-au-maroc-en-espagne-et-au-portugal_6192465_1616938.html). Exit la coupe du monde à 13 équipes en Uruguay avec les équipes venant en bateau, bienvenue à la coupe du monde à 48 sponsorisée par Airbus !

La coupe du monde de football 2022 s'est déroulée au Qatar chez des esclavagistes écocidaires. La coupe du monde de football 2026 s'étendra sur plus de 2000km entre le Canada et le Mexique. Et la coupe du monde 2030 s'étendra donc sur plus de 10000km entre l'Amérique du Sud et l'Espagne ! Emmanuel Macron, après avoir bien profité de la coupe du monde qatari en multipliant les déplacements en avion, s'en félicite, évidemment (https://twitter.com/EmmanuelMacron/status/1709679938381439360), quelques jours à peine après avoir annoncé un plan pour atteindre nos objectifs d'émissions de GES pour... 2030.

Ces gens sont fous : ils louent ce qui va à l'encontre de leurs objectifs affichés. Ils ne sont même pas dans le statu quo, ils aggravent la situation ! J'ai bien peur que mon boycott de 2022 ne se transforme en boycott permanent...

Après son interview où il a affirmé de façon incorrecte que nous avions fait la moitié du chemin de la transition énergétique (https://francois.lemaire.name/sossaadmin/sommes-nous-vraiment-a-50-de-la-transition-energetique), Emmanuel Macron est venu s'exprimer en clôture du deuxième conseil pour la planification écologique (https://www.actu-environnement.com/ae/news/planification-ecologique-presentation-Macron-42594.php4). Il y a réaffirmé l'objectif de baisser de 55 % les émissions de GES de la France d'ici 2030 comme l'UE s'y est engagée (https://www.europarl.europa.eu/news/fr/headlines/society/20191115STO66603/l-ue-et-l-accord-de-paris-vers-la-neutralite-climatique), enfin, pour être précis, 55 % par rapport à nos émissions de 1990. Le gouvernement a détaillé une cinquantaine de leviers pour atteindre cet objectif (https://www.lesechos.fr/politique-societe/societe/planification-ecologique-50-leviers-dans-tous-les-secteurs-1981072).

Mais l'UE a pris un engagement bien plus ambitieux : la neutralité carbone d'ici 2050. Cet engagement est nécessaire à la réalisation des accords de Paris qui prévoyaient de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. Alors pourquoi limiter la vision de la planification écologique à 2030 ? Ca ne semble pas être une question de calendrier politique puisque le mandat de l'occupant actuel de l'Elysée s'arrêtera bien plus tôt. Pour tenter d'apporter une réponse à cette question, regardons les 50 leviers que le gouvernement souhaite activer et essayons d'en dégager un fil conducteur.

Les 50 leviers du gouvernement

Tout d'abord, il faut souligner que la vue d'ensemble démontre un travail sérieux sur la question : tous les secteurs clés sont abordés (transport, agriculture, bâtiment, industrie, production d'énergie) et des objectifs concrets et cohérents sont présentés pour chacun.

Pour les transports, le plan est assez clair : sortie du thermique, bienvenue à l'électrique, de préférence produit en UE.

L'agriculture est peut-être le secteur où le plan pèche le plus : réduction de 30 % des engrais azotés qui produisent du NO2, réduction des émissions des tracteurs, et du bout des lèvres, l'évocation d'une évolution de nos régimes alimentaires.

Dans le bâtiment, on rénove l'existant et on incite fortement, sans contraindre par une interdiction des chaudières à gaz, à l'installation de pompes à chaleur.

Les aides à l'industrie pour se décarboner sont confirmées, mais de toutes façons, face à la hausse des coûts des hydrocarbures, ils y vont pratiquement tout seuls...

Enfin, pour la production énergétique, on annonce un boom électrique porté par le nucléaire (enfin, si on abroge la PPE votée par l'équipe actuelle qui prévoit encore de fermer 12 centrales...), le renouvelable, principalement avec l'éolien, et la biomasse.

Le plan se termine par l'éléphant dans la pièce que personne ne regarde tant il est en décomposition, la biodiversité, nécessaire à la fois en tant que telle, mais aussi comme puits de carbone. Comme relevé dans mon billet précédent (https://francois.lemaire.name/sossaadmin/sommes-nous-vraiment-a-50-de-la-transition-energetique), les résultats sont catastrophiques par rapport aux objectifs.

A part une bien timide incursion dans le changement sociétal avec nos comportements alimentaires, force est de constater que pratiquement tous les leviers que le gouvernement souhaite actionner sont de nature technique. C'est sans doute cela, l'écologie de progrès, l'écologie à la française que vante Emmanuel Macron : une écologie de substitution.

Gardons notre voiture, mais une électrique.

Gardons les grandes surfaces agricoles mises à nu après chaque récolte, mais avec un peu moins d'engrais et mieux ciblés et des tracteurs moins émetteurs.

Gardons nos habitations actuelles, mais un peu mieux isolées et chauffées à la PAC plutôt qu'au gaz.

Gardons les mêmes industries, mais avec des processus électrifiés.

Pour alimenter tout ça en énergie, la magie électrique, dont nous allons devoir, minimum minimorum, multiplier par deux la production.

Cela nous permet-il d'atteindre l'objectif 2030 ? Pas impossible. Etant donné que nous n'avons parcouru que 40 % du chemin en 53 % du temps, c'est ambitieux, mais certains investissements de long cours peuvent donner leurs résultats dans la période qui reste, on peut se permettre un peu d'optimisme.

Et la neutralité carbones en 2050 alors ?

L'objectif d'émissions de GES en 2030 est de 5,6teqCO2 par habitant et par an. TeqCO2, c'est tonnes équivalent CO2, sachant que tous les GES ne sont pas du CO2, pour simplifier, on transforme le pouvoir réchauffant du méthane ou du dioxyde d'azote en son équivalent CO2. A quel objectif correspond la neutralité carbone en 2050 ?

Les experts s'écharpent sur le sujet, et il n'y a pas de chiffre qui fasse consensus. Le chiffre communément cité et qui est la moins mauvaise approximation que l'on puisse donner est de 2teqCO2 par an et par habitant (https://bonpote.com/objectif-2-tonnes-vrai-defi-ou-mauvaise-cible/), prenons donc celui-ci. J'évacue volontairement tous les écueils possibles et imaginables dans le plan gouvernemental, et pourtant il y en a, car ce n'est pas le sujet le plus inquiétant : si il fonctionne, nous aurons donc effectué une réduction de 55 % de nos émissions de GES en environ 15 ans. Partant de cet état, nous devrons encore réduire de 64 % nos émissions de GES en 20 ans, soit un rythme de réduction équivalent ! Pourquoi diable arrêter la planification écologique actuelle à 2030 si nous savons qu'un niveau d'effort équivalent est nécessaire pour la suite ?

La réponse est limpide : parce que l'écologie de substitution d'Emmanuel Macron ne peut pas atteindre cet objectif. Pratiquement tous les leviers techniques auront été activés en 2030.

Une fois votre voiture électrifiée, comment réduire encore les émissions de GES ?

Une fois votre tracteur électrifié et vos engrais NPK issus de l'industrie chimique réduits au minimum qui permette à la plante de pousser, comment réduire encore techniquement les émissions de GES ?

Une fois votre habitation isolée, votre chaudière gaz changée en PAC alimentée par une centrale nucléaire ou une éolienne, comment réduire encore techniquement les émissions de GES ?

Une fois les processus de l'industrie électrifiés, comment réduire encore techniquement les émissions de GES ?

Une fois toutes vos sources d'énergie primaire décarbonées, comment réduire encore techniquement les émissions de GES ?

Seuls des changements de comportement massifs permettent d'atteindre l'objectif de neutralité carbone en 2050. Mais ça, ce n'est pas le projeeeeeet d'Emmanuel Macron.

On pourra me rétorquer que ce plan va tout de même dans la bonne direction. Je pense que non, car en entretenant l'illusion que l'écologie de substitution va nous sauver, qu'il suffit d'activer tous les leviers techniques et que le problème sera résolu, il retarde des changements nécessaires d'organisation de la société dont on sait qu'ils prennent des dizaines d'années : modèle agricole, aménagement du territoire, vision de ce qu'est la vie bonne.

Le gouvernement actuel engage le pays dans une voie sans issue. Calculez votre empreinte carbone (https://nosgestesclimat.fr/), agissez de votre côté, et faites savoir que le plan actuel nous envoie dans le mur.

Macron s'invite encore dans nos salons pour nous expliquer qu'il fait tout bien. Au milieu de son festival de bobards s'est glissée une super nouvelle : nous serions à la moitié de la transition écologique. Enfin, ça serait une super nouvelle si c'était vrai. L'objectif initial 2030 était de baisser de 50 % les émissions de GES équivalent CO2 par rapport à 1990, soit passer de 11,2t à 5,6t. Nous en sommes à 8,9t soit une baisse de 20 %, pas de 25 %. Quand on parle de bas de bilan, Emmanuel Macron ne fait pas une erreur de 5 %... Mais il y a pire : les objectifs européens signés par la France sont de 55 % des émissions nettes, incluant les puits de carbone. Les 50 % français sont sur les émissions brutes. Or les puits de carbone sont loin de capter ce qui était prévu (16.9MtCOE2 en 2022 contre 41MtCO2 prévu) donc la dérive par rapport aux objectifs sur les émissions nettes est encore pire que celle sur les émissions brutes. Si vous voulez définitivement désespérer de cette équipe de bras cassés, quoi que vous pensiez du nucléaire, sachez qu'actuellement sur le site officiel de la transition énergétique la PPE indique toujours la fermeture de 12 centrales nucléaires, près de 20 mois après l'annonce d'Emmanuel Macron de relancer la filière. Parce que c'est la loi actuelle, et qu'elle n'a toujours pas été abrogée... Sources : https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/lempreinte-carbone-de-la-france-de-1995-2021 https://reseauactionclimat.org/wp-content/uploads/2023/09/rac-obs-2023.pdf https://www.ecologie.gouv.fr/programmations-pluriannuelles-lenergie-ppe#scroll-nav__2 https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/20200422%20Synthe%CC%80se%20de%20la%20PPE.pdf

Il y a un an, je m'interrogeais sur la pertinence d'une aide soutenue pour faire baisser le prix des carburants (https://francois.lemaire.name/sossaadmin/faut-il-faire-quelque-chose-pour-le-prix-des-carburants) pour conclure que si aide il devait y avoir, et j'eus préféré que non, elle devait s'accompagner d'un vrai plan de sortie de la société de l'automobile.

Un an après et 7,6 milliards d'euros plus tard (https://www.publicsenat.fr/article/parlementaire/ristourne-sur-les-carburants-le-cout-grimpe-pour-l-etat-apres-la-prolongation), soit 304000 Renault Twingo électriques clés en mains, le prix des carburants est toujours aussi élevé et on n'a pas avancé d'un iota sur la sortie de la société de l'automobile.

Les émissions des GES n'ont baissé que de 0,3 % en France en 2022 (https://www.lefigaro.fr/sciences/les-emissions-de-co2-en-france-n-ont-presque-pas-baisse-en-2022-20221230), loin de nos objectifs, portées par le secteur des transports qui augmente de 4 % quand le secteur industriel, lui, est en baisse. La différence ? L'Etat a aidé les automobilistes massivement, et a laissé les industriels se débrouiller pour faire des économies. Face au mur, ils ont évidemment trouvé un chemin. C'est quand même incroyable qu'un gouvernement dit libéral souhaitant en théorie limiter les émissions de GES se passe volontairement du signal prix qui est le principal mode de mise en action dans une économie libérale de marché !

La raison en est que ce gouvernement n'est ni libéral, ni désireux de baisser les émissions de GES. Il continue juste à naviguer à la godille pour essayer de se sauver des crises à répétition dues à son absence de stratégie pour s'adapter au nouvel ordre du monde où les ressources seront plus rares et plus chères.

Au premier janvier, le gouvernement a baissé la voilure, sans arrêter complètement sa politique inefficace. A mon avis il suffira que les français crient un peu fort pour que ça reparte, et ce tant que nous aurons des petits comptables myopes et englués dans un modèle du siècle dernier à la tête de l'Etat. Tiendront-ils 4 ans de plus ? J'ai bien peur que oui. Ca va être long, et ce sera peut-être pire après, à moins que le peuple ne comprenne que le Roi est nu et qu'il est temps de changer notre système démocratique afin de rapprocher le pouvoir du peuple.

Ce qui devait arriver, arriva, elle est finie, la coupe du monde la honte.

Née dans la corruption, bâtie dans le sang, jouée en hiver dans des stades climatisés, aberration ultime aujourd'hui où plus personne ne se voile les yeux face au dérèglement climatique qui va nous submerger, dans un pays où les droits humains sont bafoués, dont on vient de découvrir qu'il minait de sa corruption le cœur de la démocratie européenne, où une clique friquée, lie de l'humanité, vit dans des gratte-ciel insensés à quelques kilomètres de camps insalubres où sont entassés les esclaves modernes qui les servent et qui sont les seuls héros de cette histoire, héros démunis et oubliés de tous, mais héros toute de même, bien plus que les joueurs, et bien plus que moi qui m'indigne derrière mon clavier, oui, elle est enfin finie, la coupe du monde de la honte.

Pour l'importance que ça a – ça en a peu, je ne doute pas que TF1 aura fait sa plus belle audience des dernières années ce dimanche – je l'aurais boycottée jusqu'au dernier coup de sifflet de sa finale franco-argentine, moi qui n'avais raté aucune phase finale depuis 1982.

La France ne l'a pas gagnée, et c'est tant mieux. Cela n'effacera pas la honte que nous, français, devrions particulièrement ressentir face à ce désastre général ; l'idole de mon enfance, génial footballeur mais piètre être humain, aura participé avec un des nos récents présidents au pêché originel, son inique attribution ; le successeur du premier, joueur tout aussi génial et tout aussi piètre être humain, en aura été l'ambassadeur ; le successeur du second, fort d'avoir retenu dans un club qatari le meilleur joueur français de sa génération, et non content d'avoir considérablement alourdi le passif carbone de l'événement par deux vols express Paris Doha, aura loué l'organisation par le pays hôte, et, comme toujours quand il dit ou fait les pires saloperies, aura totalement assumé ses trop fréquentes visites.

6500 morts dans les chantiers des stades.

Le manque total d'empathie du bonhomme est déjà bien documenté, mais louer une organisation ayant causé 209 fois plus de morts que les 3 dernières réunies, on peut dire qu'il s'est surpassé dans l'ignoble. Il n'existe pas plus de dieu que de justice divine, mais putain des fois ça ferait du bien.

Une mention spéciale à tous les commentateurs raillant les boycotteurs en prenant à témoin l'engouement populaire autour du parcours de l'équipe de France, je pense particulièrement à un qui aura inlassablement répété que notre opposition à cet événement précis, organisé dans un pays arabe, était à coup sûr une manifestation de racisme puisque, sophisme éculé, “on nous avait pas entendu sur les JO d'hiver à Pékin”.

On pourrait s'étonner de cette volonté d'achever à terre d'un dernier coup de tatane dédaigneuse les losers que sont les rares boycotteurs restés fidèles à leur choix initial. Je suis persuadé que c'est la mauvaise conscience d'avoir joui de cette ignominie qui les fait redoubler de violence, comme si leur absolution ne pouvait passer que par notre ridiculisation médiatique, qui est la seule mesure qu'ils donnent aux choses. Si elles ne sont pas monnayables, bien entendu. Ah, et j'ai le même mépris pour la minable tentative d'esquive sur le thème du “fallait pas leur donner, maintenant tant pis on la joue”. Comme si persister jusqu'au bout dans l'erreur était soudainement devenu une vertu !

Oui, c'est une saloperie qui vient de s'achever ce dimanche à Doha, totale, irrémédiable, impardonnable. Tous ceux qui y ont participé s'y sont salis à des degrés divers. J'en exonérerai mes enfants, et ceux des autres, qui ont gentiment écouté leur papa leur expliquer son choix de boycotter mais n'ont la maturité suffisante ni pour comprendre réellement pourquoi, ni pour le suivre. J'espère que l'avenir les préservera qu'une honte rétrospective ne vienne entacher ce joli souvenir d'enfance que devrait être une finale de coupe du monde de notre équipe. J'en doute.

Pour ça, je vous maudis.

Mais maintenant, au moins, elle est finie, la coupe du monde de la honte.

Novembre 2022 était le mois de la COP27 à Charm el-Cheikh en Egypte, un pays producteur de gaz naturel (https://www.agenceecofin.com/gaz-naturel/1603-86218-egypte-vers-une-production-gaziere-a-record-de-7-2-milliards-de-pieds-cubes-de-gaz-par-jour). Elle s'est terminée, comme quasiment toutes les COP, en eau de boudin : on a décidé de mettre en place un fond de réparations mais sans dire ni qui paierait, ni à qui, ni combien, ni quand (https://www.ouest-france.fr/environnement/cop21/cop-27-fonds-special-reduction-des-emissions-ce-qu-il-faut-retenir-de-l-accord-34d6e763-2f9d-4c0b-9f7d-b8a9c130c0f4). Ce sera pour la COP28, à Dubaï, un pays producteur de pétrole (https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9serves_de_p%C3%A9trole_aux_%C3%89mirats_arabes_unis). Je vais vous en gâcher la conclusion, rien ne s'y passera : d'après les accords de Paris, la Chine fait partie de ceux à qui il faut apporter réparations, et les USA ne le feront jamais. Fin de l'histoire.

Ce qui m'intéresse plus particulièrement dans ce billet, c'est le mode de vie des personnes participant aux COP et supposés proposer des solutions. Prenons notre Président, Emmanuel Macron. Voici un résumé de son mois de novembre :

En utilisant le calculateur du site bonpote (https://bonpote.com/avion-calculer-en-3-clics-votre-empreinte-carbone/), en prenant l'option “super confort”, qui correspond à une première classe et est donc sans doute très minorée par rapport à un vol sur l'avion de la présidence, cela correspond à 17,375t de CO2 émises, soit 8,5 fois les émissions annuelles de CO2 cible de 2t prévues par les accords de Paris.

Je vous arrête tout de suite devant votre écran : non, ce n'est pas du populisme de bas étage. Cette cible d'émissions de CO2 vaut pour tous les citoyens ; si Emmanuel Macron continuait son mode de vie totalement et irrémédiablement incompatible avec les accords de Paris, et il est loin d'être le seul à vivre ainsi, la cible serait d'autant plus basse pour les autres français, et je ne vois ni justification morale, ni justification matérielle à ces différences. Nous nous sommes tous faits aux réunions à distance, le Président peut très bien le faire lui aussi.

Mais au-delà de la question morale de juste répartition des efforts, comment voulez-vous qu'une personne dont le mode de vie explose absolument toutes les limites puisse envisager un futur souhaitable respectant les accords de Paris ? La prise de conscience et l'action démarrent par le calcul de son bilan carbone (https://nosgestesclimat.fr/) : au début de mon aventure sur ce chemin, j'en étais à 8t par an. Aujourd'hui j'en suis à 3,7t sans perdre en confort (la suite pourrait être un peu moins rose et demander sensiblement plus d'investissements). Aucun décideur public à ma connaissance ne publie son bilan carbone, et certainement pas Emmanuel Macron. Le calcule-t-il ? Ca m'étonnerait. Peut-il évaluer si par d'éventuels changements de comportement il se rapproche des limites inscrites dans les accords signés par la France ? Pas plus.

Autre exemple qui pourrait sembler anecdotique, mais qui est en réalité tellement révélateur, le repas végétarien dans les ministères (https://www.leparisien.fr/politique/cest-un-truc-de-bobo-dans-les-cantines-du-pouvoir-le-repas-vegetarien-fait-grincer-des-dents-07-11-2022-5JT3NJ37NFHINBYCW6YP4K4IKE.php). Il ne s'agit que d'imposer un menu végétarien par semaine dans les ministères, ce qui est un geste très largement insuffisant pour le climat – ce serait minimum la moitié des repas végétariens qu'il faudrait – mais qui déclenche les hauts cris :

  • “On ne va pas se faire ch… à bouffer du tian de légumes !” (un conseiller)
  • “C’est vraiment un truc de bobo pour dire que, en soi, il faut manger végétarien ! On n’impose pas aux gens ce qu’ils veulent !” (un second conseiller)
  • “Il ne manquerait plus que cela arrive chez nous” un habitué [du Quai d'Orsay]
  • “Une journée végane ? Sans moi !” un poids lourd du gouvernement
  • à l'Elysée, nombre de conseillers et le président lui-même seraient des amateurs de viande et ne se soumettraient donc pas à ce régime

Et ce n'est pourtant qu'un tout petit geste... Ces personnes font-elles leur bilan carbone, tentent-elles de le baisser ? J'en doute.

De la même façon, les milliardaires professant de vouloir sauver la planète comme Elon Musk sont totalement perchés à force de vivre décorrélé du monde physique. Conserver la civilisation de la voiture en passant du thermique à l'électrique comme Tesla le propose ? Hautement improbable tant il faudrait d'extraction minière. S'installer sur Mars malgré son inhospitabilité fondamentale et qu'on n'y ait aujourd'hui que déposé une poignée de robots se déplaçant de quelques mètres par jour ? Complètement hors sol. Virtualiser l'expérience humaine dans les métavers ? Ces mondes virtuels consomment une électricité et des ressources bien réelles qu'il faudra continuer à produire et extraire.

Ni les décideurs politiques actuels, ni les milliardaires sécessionnistes ne peuvent envisager les solutions aux problèmes que le réchauffement climatique nous pose. Elles sont hors de portée de leurs processus de raisonnement et de leur environnement quotidien. Il me semble que plus encore que sur les autres sujets politiques, seules l'intelligence collective et une forme de démocratie plus directe nous permettront de nous mettre en ordre de marche.